Accueil > Actualité > Jean-Pierre Colin n’est plus

Jean-Pierre Colin n’est plus

mardi 28 avril 2020, par Gilles Chevriau

Nous avons été très proches avant de nous séparer définitivement pour raisons idéologiques.

C’est son compatriote Jean-François Blet, qui nous avait présentés. Nous avons vécu les événements de Mai 68 ensemble avec, à nos côtés, Jack Lang, auréolé du prestige que lui conférait le Festival de Nancy dont il était la cheville ouvrière. On disait déjà qu’il serait ministre de la culture de François Mitterrand lorsque, un jour ou l’autre, celui-ci arriverait au pouvoir.

Jean-Pierre Colin vint passer quelques jours avec son ami, dans notre maison de Nadaillac-de-Rouge. En cette occasion, je lui fis visiter Sarlat et ses environs. De son côté, ce proche du metteur en scène Antoine Vittez, il nous présenta un spectacle, dont il était la vedette, dans la salle des fêtes de Masclat que le maire avait aimablement mis à notre disposition.

Ce spectacle déconcertant ne souleva pas l’enthousiasme... Arrivé à Paris, Jean-Pierre nous invita chez lui. Il nous reçut très aimablement. C’est cette même tonalité amicale qui apparait dans les compte rendus souvent (hagiographiques) qu’il consacra à deux de mes livres - Le Général de Gaulle et la construction de l’Europe et Relations internationales du Tiers Monde ainsi qu’on peut le voir dans les documents ci-dessous :
 Le Général de Gaulle et la construction de l’Europe,Le Monde diplomatique, septembre 1964
 Relations internationales du Tiers Monde Politique étrangère, 1977, pp. 220 à 224

Lorsque nous lancerons l’Annuaire du Tiers Monde (Université de Paris I), il me demandera de parrainer sa candidature au sein du Comité de rédaction. Ce que je fis avec plaisir et avec succès.
Mal m’en prit ! Il lui fallut peu de temps pour réussir à m’évincer. Le prétexte : un article pour l’Annuaire sur "L’homme nouveau" qui mit le feu aux poudres et qui, à terme, conduira à la disparition de cette publication. La raison ? Il m’est reproché d’"abdiquer" devant le "saisissant fantasme d’un monde nouveau" en passant sous silence la nature autoritaire sinon despotique de la plupart des régimes du Tiers monde.
Mais, ayant dit cela, Jean-Pierre Colin écrit dans son compte rendu (page 224) : "Edmond Jouve à son tour abandonne quelques idées reçues ; certains passages de son livre ouvrent déjà la voie à une critique plus sérieuse des réalités du tiers monde, en particulier lorsque son information est de première main ; ainsi de ses analyses très fortes de la "néo-colonie" guinéenne pour laquelle il n’a pas de mots trop durs".
Quant à l’Albanie, dont il m’est reproché de faire l’apologie, Jean-Pierre Colin conclut son article en rappelant qu’Edmond Jouve (page 193) fait observer "que l’homme nouveau est en train de naitre - sur une terre qui n’est certes pas un paradis."
Alors ? Alors, la réalité est certainement ailleurs. Ce qui l’insupporte, c’est que mes analyses ne se refèrent pas aux théories marxistes ou pseudo-marxistes en vogue à ce moment-là, dans lesquelles je ne me suis jamais complu.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.